Voyager dans les couloirs du temps, retrouver nos jeux d’enfants dans quelque demeure en ruine au milieu d’un jardin en friche, nous prenant pour des aventuriers en quête d’un fabuleux trésor. Au bout de ce champ, où broutent paisiblement quelques vaches, un ancien bâtiment délabré, déjà à moitié démembré, mais dont les salles obscures m’attirent comme un aimant. L’œil fixé au viseur de mon appareil, je me souviens qu’enfants, nous marchions sur la pointe des pieds, attentifs au moindre bruit qui aurait pu être aussi bien celui de ces monstres nés de nos imaginations fécondes, que tout simplement celui du propriétaire des lieux qui nous aurait chassé manu militari en menaçant de prévenir nos parents. Et comme nous courions, alors, la peur au ventre, le rire aux lèvres, comme nous courions sans nous apercevoir que bientôt, trop tôt, notre jeunesse semblerait loin derrière nous, perdue dans l’aveuglante lumière blanche de nos lointains souvenirs. Passé le mur, nous nous enfoncions dans un monde étrange et sombre…