La Proie pour l’ombre

En écriture, les mots non-dits ou suggérés sont parfois plus parlants que ceux écrits. Dans la musique de l’image, l’ombre en est le silence, parfois plus éloquent que les zones de lumière. Cette ombre où le regard se perd, s’égare, cherche et finit par accrocher la moindre parcelle de textures, le moindre reflet. En photographie, ce sont ces zones d’ombres qui m’attirent inlassablement.

Récit intérieur, errance photographique, cette série traverse dix ans de prises de vue, de 2004 à 2014. Elle forme un tout, libre d’interprétation, où l’esprit peut errer en quête de sens. À une époque où ce qui est essentiel se disperse dans la vitesse et la surabondance désespérée de nos actes, ici la lenteur, délibérément recherchée, de l’écriture photographique revendique un attachement à l’intemporalité de l’image, à la maturation nécessaire de la construction de cette écriture. Dans cet espace narratif, l’ombre devient cette zone singulière, étrange, inquiétante parfois, où le regard semble malgré tout vouloir se réfugier, loin de l’aveuglante agitation de nos modes de vie. Le récit en images prend son sens dans cet isolement nécessaire, comme une quête identitaire, un besoin de se perdre pour se trouver. Et bien qu’au bout de cette recherche, il n’y ait pas de réponse, juste un questionnement de notre existence, c’est l’esthétique particulière des images qui apporte sons sens à l’ensemble de cette quête.

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